Immobilier : la Normandie en mal d’offres locative. Rencontre avec Jean-Baptiste Launey
Membre de notre GIE ROUEN IMMOBILIER
Responsable des agences rouennaises de Leroux Cramilly Immobilier mais aussi trésorier de la FNAIM Normandie qui compte 400 adhérents, Jean-Baptiste Launey décrypte en cette rentrée 2023 la tension immobilière qui touche le marché de la location.
La Fnaim (Fédération nationale de l’immobilier) et d’autres analystes évoquent au plan national une pénurie de logements locatifs, vous le ressentez également en région ?
Jean-Baptiste Launey : « Oui, comme au plan national, en région le marché locatif est très tendu, et notamment à Rouen. La hausse des taux d’intérêt bancaires et les difficultés d’accès au crédit font qu’aujourd’hui les primo-accédants n’accèdent plus au marché de l’achat. Ils restent donc dans le locatif ce qui ralenti le renouvellement des offres. »
Les primo accédants ont disparu et les investisseurs qu’en est-il ?
« Le taux d’usure notamment a entraîné beaucoup de refus d’emprunts. Avec, en plus des taux de crédits en hausse et l’inflation, les primo accédants n’ont plus les moyens d’acheter, et les investisseurs, ceux-là même qui achetaient pour louer, reculent. »
L’investissement locatif également en recul.. Pourquoi ?
« Il y a les refus d’emprunt liés à la réglementation européenne (NDLR le taux d’usure) les taux de crédits qui augmentent et en parallèle les hausses de loyers limitées par un l’Indice de référence des loyers. Avec en plus un marché qui ne baisse pas, on reste sur des prix de vente au plus haut, Pour l’investisseur la rentabilité est moins intéressante, donc il n’achète pas, ce qui réduit à terme l’offre locative. »
Vous parliez d’un marché particulièrement tendu à Rouen ?
« Les gros faiseurs de ventes immobilières en Rouen centre parlent de 20 à 50 % de baisse de chiffre d’affaires sur l’année en vente sur les résidences principales et sur l’investissement locatif. À notre niveau, nous avons 1800 lots en gestion pour notre cabinet et on est à moins 25 % 30 % de biens en moins que l’an passé à proposer. C’est la preuve que les gens restent dans leur logement. »
L’obligation du diagnostic de performance énergétique (DPE) ajoute également aux difficultés ?
« Oui. Depuis le 1er janvier 2023 il est interdit de mettre sur le marché des biens indécents ou qui le deviennent à cause du DPE et de leur qualité énergétique. Cela fait aussi peur aux investisseurs qui se disent si j’achète un logement mal classé, le rénover va me coûter cher. Et aux propriétaires qui préfèrent retirer leurs biens de la location pour les vendre… Et il y a aussi des propriétaires qui préfèrent faire de la location saisonnière, du type Airbnb et autre. NDLR : Le DPE ne concernant pas les logements occupés moins de 4 mois par an… Et à Rouen, par exemple, l’entrée en vigueur du permis de louer, ajoute aux difficultés. »
Vers un centre-ville en résidences principales ? C’est-à-dire ?
« Le permis de louer ralenti le processus de remise en location, car pour un même bien, entre la sortie d’un locataire et la remise en location, il faut refaire une demande de permis de louer, avec un délai de réponse d’un mois un mois et demi. Pendant ce temps le bien ne peut pas être mis sur le marché. Ces permis sont faits pour lutter contre les marchands de sommeil, nous, administrateurs de biens, nous considérons ne pas en être, c’est pour cela que nous demandons aux collectivités de nous faire confiance. Nous sommes des professionnels, avec des biens en gérance depuis 40 ans, des locataires qui restent parfois 30 ans dans le même bien. Notre rôle c’est de dire au propriétaire de respecter les règles. Oui à un permis de louer, mais valable pour 5 ou 10 ans. Or actuellement, nous avons des biens pour lesquels on fait deux demandes de permis par an. Ce qui entraîne une vacance de deux à trois mois sur le marché. »
L’augmentation du foncier et l’inflation jouent également ?
« Bien sûr. Le foncier augmente beaucoup ce qui n’est pas favorable à l’investissement. Là encore on pousse les propriétaires vers un système plus rentable de location (type Airbnb). Le risque à terme c’est d’avoir un centre-ville en résidences principales et ceux qui n’auront pas les moyens sortiront de la ville. »
Vos agences RouenImmobilier.com – Article du Paris Normandie – Interview Jean Baptiste LAUNEY membre du GIE ROUEN IMMOBILIER et de l‘Agence Leroux Cramilly Immobilier
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